PREMIERES LIGNES 1 #



Merci à Ma Lecturothèque pour ce rendez-vous du dimanche où on présente l'incipit d'un livre.

J'ai choisi Océan mer d'Alessandro Baricco, un auteur que j'affectionne, je ne peux qu'encenser son écriture poétique. C'est l'été, le besoin de se rapprocher des vagues et de ce parfum iodé.

INCIPIT
Et puis la vie, elle ne se passe pas comme tu imagines. Elle va son chemin. Et toi le tien. Et ce n'est pas le même chemin. Alors...Ce n'est pas que je voulais être heureuse, non. Je voulais...me sauver de tout ça, voilà : me sauver. Mais j’ai compris tard de quel côté il fallait aller. On croit que c’est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l’honnêteté, être bon, être juste. Non. Ce sont les désirs qui vous sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l’ai compris trop tard. Si tu lui laisses du temps, à la vie, elle tourne d’une drôle de manière, inexorable : et tu t’aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal. C’est là que tout se complique, il n’y a aucun moyen de s’échapper, plus tu t’agites, plus le filet s’emmêle, plus tu te rebelles, et plus tu te blesses. On ne s’en sort plus. Quand il était trop tard, c’est là que j’ai commencé à désirer. De toute la force que j’avais. Je me suis fait tant de mal, tu ne peux même pas imaginer. Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n’y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n’était jamais passé. Comme si nous n’avions jamais existé.

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